Delmond L’Originel : le magret de canard certifié à la blockchain (photo Fabrice Maumy, DSI de Terres du Sud)

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En scannant le QR Code sur l’emballage d’un magret de canard Delmond L’Originel (Groupe Terres du Sud), le consommateur accédera à une traçabilité garantie par blockchain grâce à la technologie de Connecting Food. Lancement effectif à l’occasion du Salon International de l’Agriculture, en mars 2020.

Depuis un an, le groupe coopératif agricole Terres du Sud est engagé dans une importante transformation digitale. Celle-ci inclut le recours à la blockchain pour assurer la traçabilité des produits à base de canard de sa marque Delmond L’Originel, garantis sans OGM. « Il nous faut être transparents et respecter nos promesses de qualité » explique Eric Dayan, responsable de la communication du groupe. Au 1er trimestre 2020, le magret de canard de la marque Delmond L’Originel sera ainsi tracé avec la technologie blockchain de Connecting Food.

Un QR code sur l’étiquette du magret de canard

A chaque étape, de l’élevage jusqu’à la vente, l’acteur concerné inscrit dans la blockchain de Connecting Food l’opération effectuée et les certifications associées. Un éleveur certifié comme n’utilisant pas d’OGM indiquera, par exemple, qu’un lot de canard a quitté son élevage avec cette certification. L’inscription dans la blockchain vise à rendre l’information infalsifiable. Mais la certification de chaque étape relève d’acteurs tiers. Consulter la blockchain permet juste de savoir avec certitude par quelles étapes est passé le produit et à chaque fois, quelles certifications ont été délivrées.

Un QR Code sur l’étiquette du produit permettra de consulter, via une webapp, les informations concernant le produit exact concerné (tel magret est issu de tel canard après telles étapes de transformation à telles dates) extraites de la blockchain. Cette démarche permet à Terres du Sud de valoriser la production et le savoir-faire des éleveurs, d’offrir aux distributeurs la capacité de rassurer leurs clients sur la sécurité alimentaire et, enfin, de prouver aux consommateurs l’origine et la qualité des produits qu’ils achètent.

Une webapp pour retracer le parcours de l’animal avec certification par blockchain

« Le POC (proof of concept) métier a été monté en trois mois, lancé en mai 2019 et validé dans le courant de l’été » se souvient Fabrice Maumy, directeur de la transformation digitale et du système d’information de Terres du Sud. Le projet est en phase d’industrialisation même s’il est encore considéré comme un pilote. « Nous observons l’impact sur les distributeurs, sur les consommateurs, etc., confirme Fabrice Maumy. Et les étiquettes destinées aux consommateurs ne sont pas encore imprimées avec les QR code. Nous lancerons le dispositif à la ferme digitale du Salon de l’Agriculture (22 février au 1er mars 2020).

Un partenaire pour gagner un temps précieux

La coopérative s’est tournée vers la blockchain dès le début de son projet, sans regarder d’autres solutions. Elle a été impressionnée par certaines expériences dans d’autres structures, comme dans le groupe Carrefour par exemple. Le goût croissant des consommateurs pour l’accès à l’information dans des apps comme Yuka a aussi été un déclencheur. Selon l’étude Nutrimarketing 2019, 70 % des Français affichent un déficit de confiance envers les industriels. « La technologie de la blockchain est complexe à comprendre, mais finalement ce n’est pas le plus important, insiste Fabrice Maumy.

Le vrai sujet est business. C’est celui de la traçabilité. » La coopérative a donc choisi de ne pas se préoccuper de la technologie et ce n’est pas elle qui gère la blockchain. « Celle-ci est opérée par Connecting Food. Nous voulions travailler avec quelqu’un qui nous apporte la technologie prête à l’emploi et ils nous ont fait gagner un temps précieux. »

Un chantier toujours en cours

Aujourd’hui, la blockchain est prête mais le chantier loin d’être terminé. « Nous sommes partis du magret et nous avons remonté toute la chaîne, raconte le directeur de la transformation digitale. Mais au long de cette chaîne, certains process ne sont pas informatisés, par exemple, et d’autres sont gérés avec des outils différents suivant les acteurs. » Enfin, la blockchain exige du temps réel, en particulier pour les alertes. La coopérative mène donc aussi un important travail en interne d’identification et de récolte d’informations qui autorisera cette réactivité. Mais les données proviennent de sources multiples et il a donc fallu muscler le SI. Et notamment mettre à niveau l’EAI (Enterprise Application Integration) Data Exchanger de Tenor qui extrait les données de l’ERP maison.

La gestion de la « chaîne amont canard », elle, est opérée par un autre développement maison réalisé à partir d’un logiciel acquis auprès d’un autre acteur de la volaille, le Groupe Michel, Amatis. La « chaîne aval canard » est gérée dans le logiciel dédié à la chaîne agro-alimentaire Vif. Fabrice Maumy observe : « un progiciel comme SAP sait très bien gérer l’assemblage de pièces pour créer un produit mais pas partir d’un animal pour obtenir des morceaux, ce qui est exactement l’inverse ! »


Terres du Sud, en quelques mots et quelques chiffres

Groupe coopératif agricole, Terres du Sud réunit 6000 adhérents du sud-ouest de la France (Guyenne, Gascogne, Périgord) servis par 1500 collaborateurs pour générer 572 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le groupe est structuré en six branches et opère de la collecte à la vente en passant par la transformation. Parmi ses marques, Delmond L’Originel propose des produits à base de canard (Identité Géographique Protégée « canard à foie gras du Périgord ») avec une garantie d’absence d’OGM dans l’alimentation des animaux.

Bertrand Lemaire avec Emmanuelle Delsol

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