Le nouvel entrepôt des papeteries Pichon prêt pour sa première rentrée des classes

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En janvier, les papeteries Pichon, filiale de Manutan distributrice de fournitures scolaires pour les écoles, ont inauguré un double entrepôt de 18000 m2 automatisé avec un transtockeur et du goods-to-person. Visite au cœur de ce site conçu pour une activité dont le pic dure tout juste quelques jours, juste avant la rentrée scolaire. (Photo E.Delsol)

Dans quelques jours, c’est la rentrée des classes. Et pour les papeteries Pichon, le synonyme d’un pic d’activité hors du commun concentré sur quelques jours à peine. Le distributeur principal de fournitures scolaires aux écoles en France doit en effet livrer entre la réouverture des établissements fin août et la rentrée toutes les commandes passées durant les premiers mois de l’année. Pour relever efficacement ce défi hors norme, avec une activité en forte croissance, mais des équipements vieillissants, la filiale stéphanoise du e-commerçant B2B pour fournitures de bureau Manutan dispose depuis janvier 2021 d’une nouvelle plateforme logistique vaste et automatisée.  Il en a ouvert les portes à la presse en juin, dans le calme, quelques semaines avant la tempête.

Les nouveaux bureaux et entrepôts des papeteries Pichon, au couleur de la maison mère Manutan. (Photo Manutan)

Le site se situe au beau milieu d’une zone logistique à Veauche, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Étienne (Loire). Le bâtiment flambant neuf affiche des cloisons vitrées et boisées côté bureaux, et opaques aux couleurs de sa maison mère Manutan côté entrepôt. Ce dernier comprend deux cellules, l’une de 12 000 m2 pour le stockage et l’autre de 6000 m2 pour la préparation de commandes. L’ensemble est adossé à 3 600 m2 de bureaux pour les équipes du siège. L’accès piéton se fait par des passerelles design qui enjambent un profond fossé rempli d’eau. Nulle velléité d’y jeter d’éventuels importuns, mais simplement de se protéger contre les inondations.

Toutes les livraisons concentrées en quelques jours

Les papeteries Pichon sont installées dans la région depuis leur création en 1948, mais leurs locaux anciens n’étaient plus du tout adaptés à leur croissance ni à leurs besoins. Elles distribuent en effet les fournitures et autres livres scolaires aux écoles. Une activité au rythme très atypique qui impose une logistique particulièrement agile et réactive. Dans la grande et lumineuse salle de conférence, Thierry Cappé, DG de l’entreprise décrit la situation : « les instituteurs et institutrices constituent leurs commandes tout au long de l’année. Celles-ci sont ensuite validées par le directeur ou la directrice d’établissement, puis par la mairie entre mai et le début des vacances d’été. Nous ne réalisons donc quasiment aucune livraison de toute l’année scolaire ! Et nous ne pouvons pas non plus en faire l’été puisque les écoles sont fermées ! Pourtant, tous les colis doivent arriver sans faute dans les écoles avant la rentrée ! Si les produits nous sont livrés petit à petit à partir de janvier et nous préparons progressivement les commandes, tout est réellement déclenché chez nous la dernière semaine d’août. Tous nos camions partent d’un seul coup ! » Quelque 40 véhicules quittent chaque jour des entrepôts pour un total de 4 à 5000 livraisons.

Le nouvel entrepôt automatisé des papeteries Pichon avec son stock de palettes dans 12000 m2 à droite et la préparation de commandes dans 6000m2 avec sa tour de picking et son système goods-to-person à gauche. (Image Papeteries Pichon)

Les bases du problème sont posées. Pour y répondre efficacement, l’entreprise et sa maison mère ont rapidement prévu un agrandissement de l’espace logistique et sa forte automatisation. Le nouvel entrepôt a été ainsi automatisé côté stocks avec un transtockeur et côté préparation de commandes avec un système goods-to-person, les deux fournis par le Dijonnais Savoye. La construction a commencé en septembre 2018 et a coûté 30 millions d’euros. Mais le jeu en valait la chandelle, puisque l’entreprise gère désormais chaque jour jusqu’à 250 000 pickings – 6 fois plus qu’auparavant – pour préparer jusqu’à 10 000 colis quotidiens.

Un ballet de navettes autonomes pour les palettes en stock

Dès l’entrée dans la première cellule de l’entrepôt (12 000 m2), c’est l’aspect massif des étagères de stockage qui frappe. Les 13000 emplacements occupent tout l’espace du fond du site, atteignent le plafond et s’enfoncent à perte de vue. En façade se joue un incessant ballet en trois dimensions de navettes qui transportent les palettes dans les dédales du stock, sans intervention humaine. Le système Magmatic de Savoye gère ainsi les entrées et sorties de palettes du stock avec cinq de ces véhicules qui circulent de façon totalement autonome en profondeur et en largeur entre les racks. Pour changer de niveau en hauteur, elles embarquent automatiquement dans l’un des deux élévateurs Levmatic de Savoye installés devant l’espace de stockage. Chacune des navettes peut ainsi atteindre n’importe quelle palette parmi les 13 000 emplacements et chacune est disponible en moins d’une minute

Cinq navettes autonomes naviguent entre les stocks pour rentrer ou sortir les palettes. Deux élévateurs leur permettent d’atteindre les différents niveaux en hauteur. (Vidéo E.Delsol)

Le Magmatic est connecté – comme l’ensemble du système automatisé de l’entrepôt- au WMS LMxt de Savoye qui référence les codes produits, les emplacements, etc. Son algorithme détermine et suit les mouvements de palettes en fonction de demandes. « À partir de la première semaine d’août, nous pré-acheminons les commandes vers les plateformes de nos transporteurs, commente Thierry Cappé devant l’un des élévateurs. Or, l’un d’eux peut nous signaler un jour qu’un de ses camions part pour Lille le lendemain avec trois planchers disponibles pour prendre 33 palettes, par exemple. Nous devons alors réagir rapidement et demander au Magmatic de sortir l’ensemble pour 15h à l’arrivée du prestataire. »

72 navettes pour 40 000 bacs de préparation de commandes

Thierry Cappé, DG des papeteries Pichon, devant le systèmes de navettes de picking, au dessus de la préparation de commandes/ (Photo E.Delsol)

La seconde cellule pour la préparation de commandes se situe à gauche dans le même bâtiment. Une tour de picking y traite les produits arrivés depuis la première cellule et des machines optimisent l’emballage des colis en adaptant la coupe du carton à l’exact volume du contenu. Le reste de ce second espace de 6000 m2  accueille le système Intellis PTS de Savoye, dans une tout autre atmosphère. Des rails de métal croisent des convoyeurs sur deux niveaux sur lesquels circulent des bacs bleu vides ou contenant les produits à intégrer dans les colis. Après avoir gravi quelques marches, on surplombe les préparateurs de commandes. Informés par le WMS, 72 navettes autonomes transportent les bacs de produits pour les envoyer sur les convoyeurs du système goods-to-person de Savoye. Rien à voir avec les imposantes navettes de palettes, ces systèmes sont optimisés pour les bacs. Elles peuvent en transporter jusqu’à 40 000 pour les envoyer vers un opérateur disponible au rez-de-chaussée. De plus, l’algorithme de colisage a été amélioré pour préparer de façon groupée les commandes d’un même client.

Au niveau inférieur, installés à leur poste devant un écran, les préparateurs de commande récupèrent les produits dans les bacs pour les transférer dans les cartons. Le système goods-to-person leur épargnerait jusqu’à 7 km de marche par jour. Selon les papeteries Pichon, les employés peuvent désormais traiter jusqu’à 3000 lignes de préparation à l’heure. « Le nerf de la guerre c’est de ne jamais s’arrêter, » insiste Thierry Cappé.

Une ergonomie adaptée pour les postes de travail

Bac incliné à 45°, bouton de commande à effleurer, position et encombrement de l’écran. L’ergonomie du poste de travail a fait l’objet d’une réflexion à part entière. (Photo E.Delsol)

Trois équipes de 45 personnes se relaient ainsi en 3×8. « Avec les encadrants aux approvisionnements, l’effectif est d’environ 160 à 170 personnes au total dans les entrepôts », décompte Thierry Cappé. Jusqu’à 250 en période de pointe. Mais, désignant l’un des postes opérateur, le DG insiste sur la réflexion qui a été menée sur la gestuelle pour réduire la pénibilité et éviter entre autres les troubles musculo-squelettiques. « Pour des raisons d’ergonomie, les bacs sont inclinés à 45° pour un accès plus facile. Le bouton de commande est tactile et se déclenche par simple effleurement. L’écran est positionné à bonne hauteur et comprend un nombre d’informations nécessaires, mais raisonnables, étudié pour ne pas saturer l’opérateur. Enfin, quand de petits produits nécessitent une mise en sachet par l’opérateur, par exemple, la machine attend le « OK » de l’employé avant de faire partir le colis et ne le déclenche plus automatiquement. »

De l’innovation et des défis motivants

Xavier Guichard, DG de Manutan depuis 10 ans, fils et petit-fils des fondateurs du groupe et actionnaire principal, rappelle que l’entreprise innove en permanence, en se focalisant à tour de rôle sur différents processus. « Il y a 7 ans, nous avons entrepris une importante transformation du système d’information dans tout le groupe, raconte-t-il ainsi. Puis nous avons travaillé sur la logistique. Ce qui a donné notre entrepôt de Gonesse (récemment étendu de 9000m2 pour atteindre une surface totale de 50 000 m2 équipée d’un Autostore, système cubique entièrement automatisé de gestion du stock), mais aussi le site de Veauche. Maintenant, nous entamons de nouveau une phase d’évolution du S.I. » Le patron du groupe évoque un système plus modulaire et agile avec davantage de cloud et de microservices, un nouveau datacenter par exemple. Sans oublier, une architecture plus sécurisée après la cyberattaque subie par le groupe début 2021. « Mais pour l’instant nous posons juste les bases, nous mettons en place l’infrastructure, insiste Xavier Guichard. Cela nécessitera sans doute 12 à 15 mois. »

Impossible de répliquer la logistique entre les différentes activités

Comme le DG de Manutan l’explique par ailleurs, il n’est pas toujours possible de dupliquer les process d’une activité à l’autre pour innover plus vite. L’activité entreprises de Manutan n’est ainsi en rien soumise à un rythme équivalent à celui de sa filiale papeteries Pichon. Qui plus est, celle-ci manipule principalement des produits peu encombrants à bas prix comme des cahiers ou des stylos, quand Manutan peut vendre des éléments volumineux à plus forte valeur. « Pichon a environ 12 000 références qui tournent toutes chaque semaine, ce n’est pas le cas pour notre activité entreprise. Il leur faut faire un compromis entre l’optimisation du volume et l’efficacité, explique Xavier Guichard, avant de résumer, enthousiaste : mais trouver des solutions pour tout cela, ces défis, c’est ce qui nous motive ! »

« Avec le nouvel entrepôt de Veauche, nous avons de la marge pour préparer davantage de colis, et envisager de nouveaux services », Xavier Guichard, DG de Manutan

Au-delà de l’amélioration des processus, Xavier Guichard imagine aussi développer de nouveaux modèles qui pourront s’appuyer sur ces innovations logistiques. « Avec le nouvel entrepôt de Veauche, nous avons de la marge pour préparer davantage de colis, ce que nous n’avions pas du tout avant, » constate-t-il par exemple. Et d’évoquer le nouveau service « Ma liste » des papeteries Pichon qui consiste à récupérer les listes de fournitures dans les écoles et les mettre en ligne par école et par classe, à disposition des parents. « Normalement les produits sont livrés aux écoles et les parents complètent en supermarché. Là, nous pourrions les livrer directement, en B2B2C.  Ce serait une nouvelle clientèle, » continue-t-il. Si les nouveaux entrepôts de Veauche font sauter les blocages auxquels faisait face Pichon, ils seront aussi un levier de développement de nouvelles offres de services. « Pour créer de la valeur et ne pas rester seulement sur la transaction », conclut Xavier Guichard.

Emmanuelle Delsol

Papeteries Pichon

Activité : distribution B2B de fournitures scolaires
Siège : Veauche (Loire)
Création : 1948, filiale du groupe Manutan depuis 2015
Chiffre d’affaires 2020 : 63 millions d’euros, soit 30% de part de marché.
Effectif : jusqu’à 280 en pic
Activité de pic à la rentrée scolaire :
Jusqu’à 250 000 pickings et 10 000 colis préparés par jour
10 000 palettes stockées environ
2 à 3000 livraisons par jour

Manutan

Activité : e-commerce B2B de matériels de bureau et petit équipement industriel pour entreprises et collectivités
Siège : Gonesse (Val-d’Oise)
Création : 1966
Chiffre d’affaires 2020 : 780 M€ (septembre à septembre)
Effectif moyen : 2100
26 filiales, 17 pays
12 entrepôts – 240 000 m2

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