Les représentants du port de Marseille Fos se sont félicités de l’augmentation de 3 % du CA à 190 M€. Derrière cette croissance du revenu, celle de 3 % du trafic de marchandises, en EVP en particulier. Le port reste loin des premiers Européens, Anvers et Rotterdam, mais a continué d’investir en particulier dans l’hydrogène. (Photo Marseille Fos)

« Quasiment tous les voyants sont au vert », s’est félicité Hervé Martel, président du directoire du port de Marseille Fos aux côtés du tout nouveau président du conseil de surveillance Christophe Castaner. Il a présenté l’habituel état annuel de l’activité en début d’année. Dans une période difficile avec le Covid, la flambée des taux de fret et des prix des matières premières, l’inflation, la guerre en Ukraine, « nous constatons une forte résilience du port, s’est réjoui Hervé Martel. Nous nous retrouvons en 2022 avec des résultats qui dépassent 2019, la référence d’avant crise. »

 

Raison de se réjouir effectivement, le chiffre d’affaires de Marseille Fos a augmenté de 3 % à 190 M€. De quoi assurer entre autres 60 M€ d’investissement dans les infrastructures entre autres. Source importante de revenu, un trafic record de 77 millions de tonnes de marchandises dont 1,530 million d’EVP (conteneurs équivalents vingt pieds). Le trafic conteneurs a grimpé de 3 %. Et ce, même si le second semestre a quelque peu refroidi les espoirs de croissance. En effet, durant les six premiers mois de l’année, le trafic a augmenté de 6 %, mais les crises de la rentrée n’ont pas permis de maintenir ce taux. Qui plus est, avec 1,5 million de conteneurs, Marseille Fos demeure encore très loin des géants du Nord, Anvers et Rotterdam, qui frôleront probablement 18 millions d’EVP dans leur bilan 2022. Quant au Français Haropa regroupant Le Havre, Rouen et les ports parisiens, il transporte le double du port phocéen.

Croissance du trafic de GNL face à l’inaccessibilité du gazoduc russe

Les deux présidents ont aussi rappelé l’inévitabilité de la transition d’un modèle principalement basé sur les hydrocarbures. Marseille Fos, longtemps premier port pétrolier du monde, encore parmi les 5 premiers selon son président, doit progressivement abandonner cette activité. Cela passe à la fois par un accueil plus « vert » de ses clients et l’électrification de ses quais, pour laquelle il fait figure de pionnier en France. Et par la diversification vers d’autres industries ou par des projets autres que la logistique et le transport de passagers.

Le port a par exemple importé 8,5 Mt de GNL (gaz naturel liquéfié) contre 6 Mt en 2021. « Le volume transporté par navire est certes 600 fois inférieur, mais il a pallié l’inaccessibilité du gazoduc russe », a rappelé Christophe Castaner.

Place de choix pour l’hydrogène

Marseille Fos a par ailleurs aussi entamé une transition écologique. L’excédent de trafic de conteneurs de 2022, soit 230 000 EVP, a ainsi été transporté en train et non par la route. Une hausse de 4 % qui fait passer la part du ferroviaire à 16 %. Un autre record historique. La route reste le mode de transport privilégié, mais stagne sous 80 %.

Mais le « verdissement » du port passe en particulier par l’hydrogène. Du côté industriel, les investissements dans deux projets de construction ont été validés : la première tranche (100 MW sur un total de 600 MW) en 2026 de la centrale d’hydrogène vert H2V et dès 2024, l’usine Gravithy de fabrication d’acier par réaction du minerai de fer avec l’hydrogène. Avec un budget de 750 M€, H2V est un des plus gros investissements industriels réalisés dans le port de Marseille-Fos.  Christophe Castaner a également évoqué le futur hydrogénoduc H2Med entre Barcelone et Marseille (234 M€ d’investissements).

Fibre sous-marine et datacenter flottant

Le numérique constitue une autre voie de diversification. Pour commencer, avec une plateforme d’atterrage de câble sous-marin de fibre optique. Elle servira entre autres aux deux premiers projets signés en 2022 : le raccordement de la liaison TEAS entre Marseille et Bombay (Inde) du fournisseur d’infrastructure optique Cinturion et celui du plus long câble sous-marin du monde 2Africa déployé entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie par un consortium d’opérateurs télécoms, dont Vodafone.

Emmanuelle Delsol