Tusimple, et ses solutions de camions autonomes, réalise une IPO de 1,1 md$

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Tusimple réalise une entrée au Nasdaq pour 1,1 Mds$. Né en 2015, le Californien conçoit des solutions d’IA pour poids lourds autonomes adaptées en particulier à des besoins de grands pays aux longs réseaux routiers. Avec des partenaires comme UPS, Volkswagen ou Nvidia, elle imagine un réseau autonome de transport de marchandises, accessible sur abonnement. (Capture vidéo Tusimple)

Le Californien Tusimple, qui développe des solutions pour camions autonomes, a levé plus d’un milliard de dollars lors de son entrée au Nasdaq, le 15 avril. Le cours de l’action était stabilisé à 40$ en fin de journée, un peu au-dessus du plafond de 39$ de la fourchette envisagée. La jeune pousse est ainsi valorisée à plus de 8,5 mds$. La startup imagine la mise à disposition à partir de ses solutions, non de camions sur abonnement, ni même d’IA pour poids lourds autonomes, mais tout simplement d’un réseau de fret autonome. Transporteurs ou chargeurs pourraient s’y abonner comme à un opérateur énergétique ou télécoms pour assurer leurs livraisons sur un territoire donné.

Volkswagen déjà investi

Trusimple teste déjà des camions autonomes avec lUPS et McLane aux Etats-Unis, et il co-conçoit ses solutions avec Traton et Navistar (Volkswagen).

Tusimple développe ainsi une solution destinée à des trajets de livraisons de marchandises en autonomie, de hub à hub, sur de longs trajets. Idéal pour les États-Unis où il est installé, ou la Chine d’où viennent ses fondateurs. Mais l’Europe s’intéresse aussi de près à la startup, puisqu’en septembre 2020, celle-ci a signé un partenariat avec Traton, la filiale poids lourds de Volkswagen. Les deux entreprises travaillent sur un programme de développement de camions Scania autonomes SAE de niveau 4, destinés à un trajet suédois. Le niveau 4 d’autonomie n’exige pas de contrôle humain tant que le parcours se déroule dans une zone géographique identifiée et des conditions météorologiques sûres. Traton et sa nouvelle filiale, le constructeur de poids lourds de Chicago Navistar, détiennent par ailleurs respectivement 3% et 5% de Tusimple.

Des acteurs chinois très présents

Mais, avec 20% des parts, le plus gros investisseur du Californien est le Chinois Sun Dream. Le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS), qui investigue tout investissement étranger de plus de 10% dans une entreprise états-unienne, doit donc enquêter sur une potentielle mise en danger de la sécurité nationale. D’autant que Sun Dream est une filiale de Sina, l’éditeur de Weibo, le Twitter chinois. Le PDG et le directeur financier de Sina sont aussi membres du board de Tusimple.

Pour l’instant, Tusimple a réalisé 1,8 M$ de CA avec 50 véhicules SAE niveau-4 avec conducteur au Texas et en Arizona, utilisés par UPS et McLane, 20 en Europe et 20 en Chine. Il compte faire circuler de premiers camions sans chauffeur dès la fin de l’année en Arizona également. La production proprement dite devrait démarrer en 2024. La startup dispose 900 employés (deux tiers aux États-Unis, un tiers en Chine) que 400 autres viendront rejoindre, financés par l’IPO.

Des IA bien plus complexes que pour la voiture autonome

Des caméras HD, radars et lidars repèrent et identifient les objets jusquà 1km de distance, récupérant un volume massif de données à traiter instantanément. capture vidéo Tusimple.

Tusimple se focalise pour commencer sur les longs trajets répétés sur des autoroutes ou de grandes routes. Ces voies de circulation sont plus simples à cartographier et moins sujettes aux aléas. La géolocalisation et la gestion des trajets sont un des défis de l’IA sur laquelle travaille la startup. Mais ce sont loin d’être les seuls. La longueur, la largeur et le poids d’un camion dépassent de loin ceux d’une voiture, et le véhicule est articulé. Autant de paramètres qui ajoutent des contraintes liées à l’accélération, au freinage, au dépassement, au maintien au centre de la voie ou à la circulation en général.

Pour assurer l’autonomie et la sécurité, Tusimple s’appuie d’abord sur des capteurs et caméras installés en nombre dans et autour du camion. Outre les capteurs classiques de remontées d’information sur l’état du moteur, de la batterie, des équipements, etc., des caméras HD, radars et lidars repèrent les obstacles entre 300 et 1000 m de distances et leurs détails à 250 m. La jeune pousse a aussi développé sa propre IA de computer vision pour identifier n’importe quel objet à plusieurs centaines de mètres. L’ensemble est ainsi censé apporter au véhicule une « vision » à 360° jusqu’à 1000 m de distancce, y compris par faible luminosité.

Un processeur d’IA Nvidia embarqué dans le camion

Le réseau autonome de fret imaginé par Tusimple bouleverserait une grande partie de la filière et de ses acteurs. (Image Tusimple)

Pour assurer un trajet autonome et sécurisé, Tusimple développe des modules d’IA (réseaux neuronaux) capables de combiner et analyser en temps réel les données de base de l’état du véhicule, la géolocalisation, le trajet, la météo, l’état de la route, sa propre cartographie HD des États-Unis, et toutes les remontées des capteurs, caméras, radars, lidars. Inutile de préciser qu’une puissance de calcul imposante est nécessaire, au plus près de la data. La firme a donc opté pour un calculateur directement installé dans le véhicule. La société est pour ce faire, engagée dans un partenariat tripartite avec Navistar et Nvidia. Ce dernier installe dans les camions sa plateforme embarquée Drive AGX, développée en particulier pour les véhicules autonomes.

La technologie de Tusimple et de ses partenaires doit encore faire ses preuves, en particulier avec les premiers essais en autonomie. Mais c’est aussi le cas du modèle économique imaginé par la startup, d’un réseau autonome de fret, qui bouleverserait une grande partie de la filière et de ses acteurs. Sans oublier l’un des objectifs de Tusimple, aux conséquences sociales et humaines lourdes : remplacer totalement les chauffeurs routiers, considérés comme des obstacles à l’efficacité….

Emmanuelle Delsol

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