Le covid-19 et le confinement ont bouleversé la consommation et les Français plébiscitent Drive et livraison à domicile. Pour répondre à cette demande croissante difficile à satisfaire, Carrefour s’appuie sur Uber Eats pour livrer les produits du quotidien à domicile. (Photo Carrefour/Uber)

Depuis début mars et l’anticipation d’un probable confinement, les Français ont progressivement bouleversé leurs habitudes de consommation. Ils stockent et se focalisent sur certains produits, comme les pâtes et le papier toilette, auxquels s’ajoutent la farine, le sucre, l’huile, dans la perspective d’un prolongement de la situation. Ils délaissent les très grandes surfaces et privilégient les services de drive et de livraison à domicile. Selon Nielsen, la 3e semaine du confinement, du 23 au 29 mars, les livraisons à domicile ont cru de 59% et l’utilisation des drives de 65%. Soudain sursollicités, ces services saturent dès le site Internet et proposent des délais de collecte ou de livraison de l’ordre de la semaine au minimum.

Pour sortir de cette situation, Carrefour prend la tangente en s’alliant avec la plateforme de livraison de repas américaine, Uber Eats. Il suit ainsi l’exemple de Franprix qui avait opté mi-mars pour un partenariat avec le Britannique Deliveroo. Le Français dispose déjà d’un accord avec l’Espagnol Glovo. Il est ainsi possible à partir du 6 avril de commander sur l’app ou le site d’Uber Eats, ou par téléphone, des « courses alimentaires du quotidien et des produits d’hygiène et d’entretien » chez Carrefour pour une livraison à domicile en moins de 30 minutes. Cette possibilité, pour l’instant réservée à une quinzaine de Carrefour City et Carrefour Market dans Paris et en région parisienne, sera progressivement déployée dans toute la France.

Selon Nielsen, la 3e semaine du confinement, du 23 au 29 mars, les livraisons à domicile ont cru de 59% et l’utilisation des drives de 65%

 

Toute l’opération de commande par les consommateurs passe par l’app Uber Eats. Ces commandes sont ensuite préparées dans le magasin Carrefour choisi par l’internaute, comme l’a confirmé à Enjeux Logistiques un porte-parole de Carrefour. Enfin, un livreur Uber Eats vient chercher la commande au magasin Carrefour choisi par le client pour effectuer la livraison, comme il le ferait dans un restaurant.  « Plus d’une centaine de références sont disponibles pour chaque magasin référencé sur l’application, précise une porte-parole d’Uber France. Des fruits et légumes, des produits laitiers, des produits secs (pâtes, riz, etc.), des produits d’entretien, d’hygiène et des boissons, par exemple. »

Pas de limites en nombre de produits, mais pas de produits volumineux

Aucun maximum d’articles n’est imposé aux clients. Mais s’il est possible d’acheter une brique de lait ou une bouteille d’eau, il n’est pas possible d’opter pour les produits plus volumineux – lessive, pack de bouteilles d’eau, etc. -. « Les commandes importantes pourront être réparties entre plusieurs livreurs, précise la porte-parole d’Uber France. Le client sera informé de l’arrivée de sa commande en deux fois, mais ne paiera qu’une seule fois les frais de livraison. » En avril, ces derniers seront pris en charge par Uber Eats. « Nous prendrons une commission sur chacune des commandes Carrefour effectuées sur l’application ou le site Uber Eats, » précise de son côté la communication d’Uber en France. Le montant de celle-ci reste confidentiel.

Des zones de récupération de commandes sans contact

Avec la multiplication des livraisons à domicile en particulier depuis le début du confinement, des questions diverses se sont néanmoins posées quant à la sécurité des livreurs de ces services rapides et de leurs clients, mais aussi aux conditions de travail des premiers. D’un point de vue sanitaire pour commencer, Carrefour précise dans son communiqué que les gestes barrières et les règles de livraison sans contact édictées par le gouvernement seront respectées afin de protéger à la fois consommateurs et livreurs. « Comme pour les restaurants, il sera mis en place une zone de récupération des commandes sans contact, confirme la porte-parole d’Uber. Par ailleurs, les commandes seront limitées à 7kg par livreur. »

Un partenariat gagnant-gagnant, prémices d’autres accords de ce type

Pour les deux acteurs, l’opération était déjà dans les cartons. La crise du covid-19 en a accéléré la mise en œuvre. C’est un partenariat gagnant-gagnant pour les deux géants. Il apporte une partie de réponse aux questions logistiques posées à Carrefour, comme à toute la grande distribution, en ce moment. Mais il offre aussi une voie de sortie à Uber Eats dont l’activité a été violemment érodée par la fermeture des restaurants depuis le 15 mars.

Carrefour continuera de proposer la livraison en 30 minutes par Uber Eats après la fin du confinement. Le distributeur avait d’ailleurs déjà un accord du même type avec l’Espagnol Glovo, moins implanté que son concurrent américain dans l’Hexagone. Il a aussi développé Les Essentiels, livraison de paniers hebdomadaires. « Nous avons près d’une centaine d’épiceries de quartier et de petits commerces de proximité disponibles via l’application Uber Eats en France, précise de son côté la porte-parole d’Uber. Ce partenariat renforce l’offre et la sélection de produits du quotidien mis à disposition des Français pour répondre à leurs besoins de livraisons en cette période, mais aussi à plus long terme. Nous sommes par ailleurs actuellement en discussion avec un certain nombre d’acteurs en Europe et dans le monde. »

Emmanuelle Delsol