Lu ailleurs : Amazon fait flamber les planchers de rémunération des employés peu qualifiés aux États-Unis

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Aux États-Unis, Amazon propose un salaire horaire moyen 2,5 fois plus important que le minimum fédéral pour les employés peu qualifiés. Il devient le point de comparaison et conduit ainsi les entreprises qui ont besoin des mêmes profils à s’aligner. Ce que détaille, témoignages et chiffres à l’appui, un article récent du Wall Street Journal. (Photo E.Delsol)

Evoquer Amazon et travail, c’est souvent pointer du doigt les pratiques contestables du géant états-unien, dans ses entrepôts, en particulier aux États-Unis. Pourtant, exemples à l’appui, un article du Wall Street Journal du 7 décembre montre comment le géant du e-commerce devient la référence en matière de bon niveau de salaire et d’avantages sociaux pour les travailleurs non qualifiés. Au point de conduire une grande partie de l’économie à suivre son exemple pour rester attractif auprès des demandeurs d’emploi.

2,5 fois le salaire minimum fédéral

La croissance de l’activité de e-commerce d’Amazon fait gonfler en permanence les besoins de main-d’œuvre pour ses sites logistiques. Il comptait 1,4 million d’employés aux États-Unis en septembre 2021 pour cette activité et embauche des centaines de milliers de personnes chaque année. Il serait même en passe de devenir le premier employeur du pays devant Walmart, selon le Wall Street Journal. Pour attirer les candidats, il a donc progressivement augmenté les planchers de salaires à des niveaux très élevés pour la profession et multiplié les avantages sociaux, pour les travailleurs les moins qualifiés. En 2018, certains prestataires logistiques rémunéraient encore les salariés de leurs entrepôts à 2$ par heure. Le géant de Seattle a tout simplement multiplié le montant par 8. Aujourd’hui, il annonce une moyenne de 18,32$ ! Deux fois et demie le minimum fédéral de 7,25$.

Du côté des avantages sociaux, il propose une prime d’intégration de 3000$, des bonus qui montent jusqu’à 750 $ (pour les fêtes, Amazon prévoit de donner 1000 $ par employé, selon Linkedin News), des cours de langue, voire des cartes d’anniversaire personnalisées ! Et pour recruter, il ne néglige aucune piste. Il inonde les sites de recrutement de petites annonces, multiplie les supports publicitaires (affichage, publicité en ligne, en radio, en télévision) et ouvre des entrepôts de démonstration dans les lycées pour former des armées de futurs employés… Comme l’explique le Wall Street Journal, c’est évidemment son imposante force de frappe qui permet à Amazon de jouer toutes les cartes possibles.

Les entreprises de tous secteurs contraintes de s’aligner

Mais l’article précise surtout que, pour avoir une chance de trouver la main-d’œuvre dont ils ont besoin, les autres logisticiens sont contraints de s’aligner. Nécessité fait loi. C’est donc désormais le géant du e-commerce qui influence le niveau de rémunération et les avantages sociaux des travailleurs non qualifiés dans son secteur. Même Walmart a cédé et relevé son salaire minimum horaire à 12$ en septembre 2021. Mais Amazon aurait plus généralement un impact similaire sur tous les secteurs, si l’on en croit le Wall Street Journal. Les candidats à des postes peu qualifiés, quels qu’ils soient, sont tous irrépressiblement attirés par les conditions offertes par le géant. Un phénomène qui ne serait ainsi plus circonscrit aux villes qui accueillent des sites Amazon (Austin, Cincinnati, Louisville, Los Angeles) mais s’étendrait à tout le pays.

L’attractivité salariale d’Amazon fonctionne, malgré la réputation d’employeur du géant, comme le rappelle le quotidien états-unien. Le e-commerçant, c’est ainsi un taux de blessures plus élevé que la moyenne nationale et un épuisement important des équipes, un turn-over très élevé, des procès, des conflits sociaux et même des interventions gouvernementales. Le décès de 6 employés dans l’Illinois à la suite du passage d’une tornade a relancé la polémique (lire l’encadré). Mais le géant compte aussi travailler sur ces sujets. Là encore, sa puissance lui permet d’envisager par exemple de proposer une grande flexibilité d’horaires de travail, au point de proposer aux employés de choisir leurs créneaux.  « Tout le monde compare les offres d’emploi, résume Lynn Reaser, professeure à l’université californienne de Point Loma Nazarene et économiste, cité par le Wall Street Journal. Et tout le monde prend Amazon comme point de comparaison. »

Emmanuelle Delsol

Lors du passage meurtrier de plusieurs tornades dans le sud des États-Unis, six employés sont décédés dans un entrepôt Amazon d’Edwardswille dans l’Illinois. Le toit s’est envolé et les murs se sont écroulés. Contrairement à certaines rumeurs, les employés avaient bien été autorisés à conserver leur mobile sur le site pour recevoir les alertes. Selon l’Express qui cite abondamment la presse états-unienne et britannique, dont le New York Times, certains témoignages laissent entendre qu’Amazon n’aurait pas laissé tous ses employés partir à temps. Une investigation est cependant en cours.
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