Tribune : La complémentarité entre 5G et edge computing dopera l’IoT logistique

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La 5G et le traitement des données au plus près des objets IoT (edge) promet un suivi de bout en bout des colis et une plus grande réactivité aux incidents. Mais pour ne pas créer de silos de traitement de données, l’orchestration virtuelle de cette architecture de calcul local et distribuée dans toute la chaîne logistique sera nécessaire. (Photo Software AG)

L’achat d’un produit en ligne est pour la plupart d’entre nous un acte familier, simple, quasi automatique. De nombreux enchaînements de tâches se cachent cependant entre la finalisation de cette transaction et la livraison du bien. Le produit est d’abord prélevé dans les stocks du fournisseur, puis acheminé jusqu’à une unité d’emballage, encartonné, éventuellement groupé dans un ULD (unité de chargement pour le transport aérien), enfin routé vers le quai d’expédition puis chargé dans le camion. Avant d’être livré, ledit produit aura transité entre différents sites de routage, éventuellement pris le bateau ou l’avion, réintégré un camion de livraison pour finalement parvenir au client.

Cet inventaire bien évidemment simplifié dévoile déjà d’incroyables complexités, et met d’emblée en lumière l’existence d’une fracture digitale : dans cette chaîne, nombre des processus décrits restent manuels ou faiblement automatisés, et lorsqu’ils le sont, des silos de données non connectés rendent impossible la vision de bout en bout tant attendue.

La 5G pour une couverture plus complète du parcours du colis

L’arrivée de la 5G promet de changer la donne. Cette technologie peut s’immiscer au plus près des objets grâce aux femtocells (petites stations de base télécoms relais) pour les endroits les plus inaccessibles de l’entrepôt, aux antennes directrices concentrées sur les lieux de stockage, à la fiabilité des communications, aux réseaux privés et aux sous-réseaux interopérables avec ceux des opérateurs publics sans rupture… Rien ne semble empêcher une couverture urbi et orbi du parcours du colis en temps réel. Et bénéfice ultime, malgré les préjugés souvent attachés à la 5G : son impact sur l’environnement pourrait être positif au moins en matière de consommation d’énergie, car elle en nécessite moins que la 4G à performances équivalentes, ce qui est un gage d’acceptation collective – donc de couverture géographique et in fine d’efficacité opérationnelle.

Si le progrès est indéniable, il reste insuffisant pour maîtriser et optimiser les flux logistiques de A à Z. La collecte des données, pour systématique qu’elle soit, ne signifie pas leur compréhension. Or, l’absence de cette dernière empêche toute prise de décision. Une analyse des données est nécessaire à chaque étape pour évaluer l’impact d’un événement ou d’une mesure sur la chaîne aval. Si une ligne d’encartonnage est bloquée, par exemple, est-on en capacité de recevoir une alerte en temps réel pour déclencher une action de dépannage pertinente et ainsi évaluer immédiatement l’impact sur l’heure de départ des colis bloqués ? Si un camion est pris dans le trafic routier, sait-on recalculer son heure d’arrivée et réaffecter les équipes par anticipation pour traiter les marchandises sous SLA (service-level agreement) en priorité ? Comment introduire un tiers de confiance de type blockchain sur des mobiles connectés critiques ? Si nécessaire, comment échanger et valoriser les données en temps réel avec les systèmes d’information tiers des partenaires, des fournisseurs ou des clients) ?

L’edge computing, traitement des données au plus près des objets

Ces missions-là ne sont pas dévolues au réseau 5G, mais à une plateforme IoT qui en devient le complément indispensable. Ce logiciel se déploie dans un centre de calcul mais également « à l’edge ». C’est-à-dire là où se situent les ultimes ressources de calcul au plus près des objets connectés. Il s’agit des automates, des passerelles de communication ou des PC industriels associés aux machines industrielles, convoyeurs, chariots élévateurs, conteneurs maritimes, camions frigorifiques, etc. Cette architecture distribuée, étroitement alignée sur l’infrastructure logistique, permet de mettre en œuvre une véritable supervision hiérarchique, qui traite les données sur le lieu même de leur production, pilote les SLA intermédiaires et les intègre dans une vision globale.

La nécessaire orchestration des ressources de calcul locales

La multiplication des ressources de calcul locales, qui résulte tant de l’évolution des besoins métiers que des possibilités offertes par les nouvelles technologies, risque néanmoins d’encourager la constitution d’une multitude de silos « à l’edge ». Un nouvel enjeu accompagne ainsi la convergence entre 5G et IoT : mutualiser l’ensemble du parc matériel et logiciel local pour constituer un système d’edge computing virtuel consolidé, à l’image de ce qu’on observe en informatique depuis plusieurs années déjà, avec la virtualisation des centres de calcul et des applications.

De nouveaux logiciels, les orchestrateurs « edge », ont commencé à apparaître pour répondre à ces exigences, et vont se développer dans les années à venir, soit en tant que solution complémentaire, soit en tant que fonctionnalité intégrée aux plateformes IoT. Ce concept est rendu possible d’une part par les faibles temps de latence de la 5G, et d’autre part par le caractère distribué des plateformes IoT. Ils sont l’illustration de la forte complémentarité entre la 5G et les plateformes IoT, source potentielle d’innovation et d’excellence pour les métiers de la logistique dans les années à venir.

Emmanuel Privat, responsable du développement commercial de l’offre IoT et analytics, Software AG France

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